Pour appréhender les besoins de votre future école numérique, nous avions étudié dans notre dernier article comment évaluer les besoins des enseignants de vos écoles, en partenariat avec l’Éducation Nationale.
A présent, après avoir analysé les freins et les attentes des enseignants, et avoir « exploré » parallèlement les possibilités des outils numériques qu’offre le marché , vous voici devant plusieurs scénarii d’équipements et besoins de matériel : maintien des salles informatiques ? ordinateurs en fond de classe ? usages de classe mobile ? TNI ? Scénarii hybride ? etc.
Mais derrière chacune de ces hypothèses se cachent des conditions de mise en œuvre, d’infrastructures réseaux, d’accès et de débit internet, de sauvegarde des données, de continuité de service que vous devrez passer en revue afin de permettre aux enseignants de développer leurs usages et leur éviter d’être confrontés à des dysfonctionnements.
Donc comment procéder, sans en perdre son latin ?
Tout d’abord en fonction de chacune de vos hypothèses d’équipement, dressez les contraintes techniques indispensables à leur bon fonctionnement, effectuez un état de l’art de vos écoles, et étudiez comment faire évoluer ces infrastructures vers les besoins envisagés pour vos futurs équipements, en vous posant les bonnes questions.
La liste ci-dessous n’est pas exhaustive.
1/ Votre école dispose-t-elle d’un débit internet suffisant ?
Aujourd’hui d’expérience, les usages numériques transversaux que recommande la loi sur la refondation de l’Ecole nécessite un flux internet à minima d’environ 6 à 8 méga par école. Car comme vous le savez, le débit doit être partagé par le nombre d’ordinateurs ou de tablettes connectés, sur ce que l’on appelle la bande passante. Si celle-ci reste insuffisante, la connexion sera ralentit considérablement, les usages seront limités, et les enseignants n’utiliseront plus à plein les matériels.
Pour connaître votre débit montant et descendant, faites sur les ordinateurs de l’école un speedtest sur http://www.speedtest.net/fr/
En vue de faire évoluer cette situation, identifiez dans chaque établissement les prises sources d’internet (RJ 45) puis étudiez parallèlement de quel type d’abonnement disposez-vous . Sur un plan de la ville, observez la distance qui sépare l’école du centre télécom de répartition des lignes (appelé le DSLAM) : plus vous êtes éloignés du centre, plus le débit risque d’être faible (attention également aux reliefs accidentés).
Si le débit constaté est trop faible, plusieurs solutions s’offrent à vous : vous pouvez soit faire évoluer votre abonnement auprès de votre opérateur, soit vous intégrer à un projet de fibre optique prévu sur votre territoire. Dans ce cas, pourquoi ne pas envisager, si vous ne pouvez faire venir la fibre optique sur chacune de vos écoles pour des raisons de coûts, une solution de fibre mutualisée, beaucoup moins coûteuse. Le principe étant de ne relier qu’un établissement en fibre classique et d’interconnecter les autres.
Autres solutions : prévoyez des usages avec terminaux mobiles connectés en 3G, ou dans les cas extrêmes, si vous n’avez pas de moyen d’augmenter le débit, demandez à l’Education Nationale de proposer aux enseignants le partage de ressources déjà téléchargées (cette question fera l’objet d’un autre article).
Nouveauté à explorer : Le Li-Fi, le wifi par la lumière. Le principe est de transporter des données (fichier texte, photos, vidéos) en utilisant la lumière projetée par des ampoules LED. Cette technologie est au stade d’expérimentation et devrait être proposé dés 2015. A suivre…
2/ Disposez-vous d’une armoire de brassage, et le cas échéant, avez-vous encore de la place pour déployer d’autres branchements ?
3/ Votre infrastructure électrique est-elle aux normes ?
Si vous envisagez de donner aux enseignants l’accès à internet dans leur classe et ne pouvez câbler l’ensemble de votre école pour des raisons de coûts, pensez au CPL industriel (Courant Porteur en Ligne) : une autre solution moins coûteuse et tout aussi efficace, selon les configurations des écoles.
Pour cela, avant de consulter un fournisseur spécialisé,vérifiez l’état des circuits électriques de vos écoles, identifiez les tableaux électriques en réalisant quelques photos, et vérifiez le fonctionnement de vos prises.
4/ Comment vos classes sont-elles électriquement équipées?
Si vous envisagez l’installation d’un TNI, ou d’une classe mobile, vous devrez prévoir l’accès à plusieurs prises en un même endroit, car il va sans dire que vous ne pourrez laisser les enseignants utiliser des multiprises, interdits dans les établissements pour des raisons évidentes de sécurité. D’autre part, veillez à la compatibilité de l’ampérage entre celui prévu par les « classes mobiles » et celui distribué dans vos établissements. Sinon gare aux courts-circuits ! Vous devez donc pour cela, vous procurer un plan de chaque école et situer sur chacun d’eux : le nombres prises électriques dont dispose chaque classe et surtout leur positionnement. Selon les besoins, il vous faudra donc faire intervenir votre service technique pour la pose de prises de courant supplémentaires, ou leurs remises aux normes.
5/ De combien d’ordinateurs disposent à ce jour les enseignants en salle informatique ou dans les classes ? Et combien sont réellement en fonctionnement ?
Par « ordinateur » ou « terminal », on entend bien sûr les matériels sous la responsabilité de maintenance de la ville, et non ceux ramenés par les enseignants eux-même ou donnés par des parents ou des entreprises.
6/Quelle est la configuration de vos salles informatiques ?
Si vous envisagez de conserver les ateliers, étudiez comment faciliter pour les enseignants la gestion du deuxième demi-groupe d’élèves qui ne sera pas sur les ordinateurs. Ce problème est souvent rencontré par les enseignants qui ne peuvent se faire aider d’un autre intervenant tel que le prévoit le dispositif « plus de maître que de classe » par exemple, dans la loi sur la refondation de l’école.
Peut-être pourrez-vous envisager par exemple de déplacer la bibliothèque de l’école à côté de la salle informatique, et/ou d’équiper les enseignants d’autres petits matériels numériques, qui permettront d’occuper les élèves de ce ½ groupe, en toute autonomie, selon l’âge des élèves et de leur niveau naturellement.
Cette question sera à détailler avec votre animateur TICE, qui orientera efficacement les enseignants sur des parcours pédagogiques dédiés aux outils numériques choisis selon les projets des enseignants.
En revanche, si au contraire, vous concluez que vos salles informatiques resteront sous-utilisées, orientez-vous vers des classes mobiles ou dispatchez vos ordinateurs en fonds de classes. Vous faciliterez ainsi les usages du numérique au sein des classes, comme le souhaite la loi sur la refondation de l’École et libérerez une salle pour une nouvelle classe….
7/ Comment sont configurées vos classes ?
Vos classes sont-elles équipées de tableaux véléda ? Si vous envisagez d’installer des Vidéo-Projecteurs Interactifs, il vous faut étudier le nombre et l’état de vos tableaux blanc véléda, sur lesquels pourront être installés les vidéos projecteurs interactifs. Quoiqu’il en soit que vous envisagiez des VPI ou des TNI, plusieurs paramètres sont à noter pour adapter les solutions proposées : taille, présence d’une estrade, hauteur sous plafond, murs en béton ou en placo, etc.
8/ Où seront entreposés en toute sécurité les matériels mobiles ?
Plusieurs solutions s’offrent à vous, selon les matériels choisis et les configurations de vos établissements : soit vous disposez de locaux que vous pourrez sécuriser, soit vous pouvez opter pour l’installation d’armoires fortes, soit vous pouvez également sceller au mur des attaches amovibles avec cadenas que certaines classes mobiles prévoient.
S’il s’agit d’une classe mobile, pensez à équiper votre remise d’une barre de prises électriques de 16A afin de permettre la recharge des tablettes ou ordinateurs entreposées.
9/ Comment sont équipées les salles des maîtres ?
N’oubliez pas la salle des maîtres. Même si vous prévoyiez d’équiper chaque classe d’ordinateurs maîtres, les enseignants ont également besoin d’une connexion internet et de matériels informatiques en salle des maîtres, pour préparer leurs cours, partager et mutualiser des contenus, etc.
10/ Quelle solution de sauvegarde des contenus, proposerez-vous aux enseignants ?
Pour permettre aux enseignants de sauvegarder et de mutualiser leurs cours, prévoyez un espace de stockage sécurisé avec une configuration de droit d’accès.
Pour cela, vous pouvez prévoir une simple infrastructure réseau ou bien une infrastructure virtualisée (dit « en client léger ») et reliée soit à un serveur central lié à la mairie, soit au serveur de chacune des écoles.
D’autre part, comme vous le savez, les enseignants préparent souvent leurs cours chez eux sur leurs ordinateurs personnels. Ils rapatrient généralement leurs données à l’école via une clé Usb, ou en imprimant et photocopiant leurs documents : ce qui alourdit les frais de fonctionnement de l’école.
Offrez-leur de meilleures conditions de travail, ils vous en seront reconnaissants et s’impliqueront davantage dans l’appropriation des outils numériques lors de la préparation de leurs cours. Des plateformes spécialisées (des espaces numériques de travail dédiés à l’enseignement ou des espaces de travail virtualisé via un serveur spécifique et adapté aux contraintes pédagogiques) sont à cet effet disponibles sur le marché et permettront aux enseignants de télécharger leurs contenus directement de chez eux, dans leurs espaces virtualisés et sécurisés et surtout d’animer leurs cours différemment.
A vous de jouer ! Vous avez à présent les principales cartes en main pour étudier et faire évoluer les infrastructures de vos écoles puis construire l’architecture de votre future école numérique.
Et vous, quels scénarii et infrastructures envisagez-vous aujourd’hui pour vos écoles ?
Vos classes sont-elles équipées de tableau véléda ?
bizarre comme prescription ???? pourquoi ne pas rester neutre et suggérer ( sans citer de marque) l’intéret des VPI, TNI, TBI,…
JC
Bonjour Jacqueline,
Je comprends mais il s’agit là non pas de prescriptions, mais des différents éléments à relever dans les classes pour voir où pourraient être placés, ici en l’occurrence, des VPI. Selon la configuration des classes, et le type de tableau, ce n’est pas forcément possible. Nous pouvons alors établir ces prescriptions en nous adaptant à l’existant ou suggérer des solutions pour le faire évoluer.
A très bientôt, sur les Rencontres de l’Orme peut être,
MF