Depuis fin septembre, la mise en place des nouveaux rythmes scolaires dans les écoles, n’a eu de cesse de provoquer des mécontentements auprès des enseignants, animateurs, parents et élus.
Les collectivités en particulier ont pris conscience des énormes investissements que cette réforme impliquait, dès lors qu’étaient envisagées des activités périscolaires, adaptés aux besoins des enfants.
Mais manque de visibilité sur les coûts qu’entraîne cette réforme, ainsi que sur son efficacité dans la lutte contre l’échec scolaire, les maires et l’ensemble des services des villes ne savent plus où donner de la tête sur ces fameuses activités périscolaires, supposées créer de la continuité éducative entre le scolaire et le périscolaire.
Pourquoi ne pas généraliser ce qui fonctionnait déjà ?
Qui dit continuité éducative entre scolaire et périscolaire tel que la loi sur la refondation de l’école le suggère, dit inévitablement approfondissement des apprentissages du socle commun des connaissances au-delà des murs de la classe.
Ce qui suppose bien sûr, un véritable partenariat entre l’Education Nationale et la ville afin de synchroniser les actions ludo-éducatives des services périscolaires avec les contenus pédagogiques des enseignants, seuls à décider du tempo et à donner le là.
Or, c’est justement ce partenariat qui a fait défaut dans une grande majorité des villes où ont été mis en place la réforme des rythmes scolaires, qui ne bénéficiaient pas initialement d’une politique de continuité éducative entre le scolaire et le périscolaire.
D’expérience le numérique constitue justement un formidable levier de continuité éducative ente le scolaire et le périscolaire, en favorisant le flux des contenus et le dialogue entre les services et l’Education Nationale de la ville.
C’est ce que l’on observe en particulier dans les villes, qui dans le cadre d’une mutualisation des outils, ont choisi de privilégier la formation des animateurs, et la mise en oeuvre d’un partenariats suivi entre l’Education Nationale et la ville.
A Issy les Moulineaux par exemple, l’usage d’un espace numérique collaboratif partagé entre l’équipe enseignante et périscolaire a été expérimenté dans une école entre février et juin 2012, pour être entendu à plusieurs écoles depuis septembre 2012. Cet espace numérique d’échange intègre les partenaires associatifs naturels de la ville, qui œuvrent dans le cadre des animations périscolaires : développement d’un serious game, atelier d’écriture, animation numérique suite à la visite d’un musée avec la classe grâce à l’usage d’une mallette de ballado-diffusion, etc.
A Angers, on mutualisait déjà également les équipements numériques entre le scolaire et le périscolaire. A l’école élémentaire Isoret, en particulier où avait été maintenu le rythme des 4 jours 1/2 l’un des projets d’école était de suivre un coureur du Vendée Globe. Ce projet permettait entre autre dans le cadre des objectifs pédagogiques de faire travailler en groupe les enfants sur l’expression écrite et parlé : concevoir en équipe un message et savoir l’exprimer. En parallèle, afin d’animer ce projet, les enfants ont participé sur le temps périscolaire à la fabrication d’un bateau, conçu au départ avec les outils numériques de l’école.
Dans une autre école de la ville, certaines applications sur tablettes vont permettre, pendant les activités périscolaires, la création d’une pièce de théâtre.
Mais tout ceci reste malgré tout des aménagements autour de l’organisation scolaire et périscolaire. Mais est-ce suffisant pour lutter contre l’échec scolaire ? Car l’urgence est bien là et nos résultats à l’étude Pisa nous l’ont encore tristement démontré cette semaine.
Réussite scolaire et temps de l’enfant : vive le soutien pédagogique par le numérique !
Ainsi mettre en place une réforme des rythmes scolaires, entre scolaire et périscolaire, et ainsi miser essentiellement sur une optimisation de la concentration des élèves la matin quand les heures de cours et les temps d’apprentissages ont été raccourcies depuis des années, les vacances rallongées, est-ce là la véritable solution pour lutter contre l’échec scolaire ?
Alors que faire ?
Que faire face à des pays où les enfants réussissent non pas grâce à des rythmes mais à des temps d’apprentissages, qui ne sont pas réduits au temps passés entre les murs de l’école ?
Pourquoi inciter à ce point les communes à investir dans des activités périscolaires qui ne permettront pas à nos enfants de devenir meilleurs, quand les besoins d’outils et de formation des enseignants à a pédagogie numérique permettraient justement de donner à nos enfants la chance d’apprendre mieux en cours grâce à la pédagogie différenciée au-delà des murs de l’école ?
Quand les chronobiologistes parlent d’organiser non pas les rythmes mais les temps de l’enfant, les outils numériques s’ils sont bien encadrés par les enseignants l’accompagne partout où il se trouve avec des apprentissages potentiellement ludiques et efficaces tout au long de ses temps de vie.
Avec les outils et ressources numériques, l’enfant n’est pas mis en situation d’échec et de censure, comme il peut l’être en cours : une évaluation formative et des pratiques complémentaires, qui pour reprendre les mots de Claire Leconte, chronobiologiste, « permettent de minimiser les fluctuations de l’attention ainsi que la fatigue inhérente à l’ennui ou l’angoisse de ne pas savoir faire ».
Une récente évaluation établie par le collectif des maires contre la réforme des rythmes scolaires a estimé à peu près d’un milliard et demi d’euros le coût de cette réforme. Comme le souligne Jean-Michel Fourgous maire d’Elancourt et coordinateur du collectif : « A choisir, il aurait mieux fallu affecter ce budget à un grand plan de formation des enseignants pour améliorer et moderniser la pédagogie des enseignants, à l’image de ce que pratique des pays scandinaves, dont le niveau des élèves est aujourd’hui incontesté (étude Pisa) ».