Devant un parterre de plus de 300 acteurs de l’éducation numérique, Vincent Peillon présentait ce lundi dans un lycée parisien son premier point d’étape pour faire « entrer l’école dans l’ère du numérique », en présence de Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l’innovation et de l’économie numérique.
Annoncée en décembre dernier comme un pilier de la loi sur la refondation de l’école, la stratégie numérique est destinée à « mettre fin à l’échec des plans successifs du numérique à l’école » précise le ministre, qui rappelait la place de la France, classée au 24ème rang sur 27 des pays de l’OCDE dans les usages du numérique à l’école.
« Permettre enfin en particulier la réussite des initiatives des collectivités, dont l’acquisition de matériels dans les écoles s’est trop souvent vu sous-utilisée »,
ajoute le ministre faute essentiellement de formation initiales et continue des enseignants, d’un manque de contenus et de « services pédagogiques de haute qualité », mais aussi faute de raccordement des établissements au très haut débit.
Pour Vincent Peillon, « la révolution numérique dans les écoles est donc à présent en marche », car « le numérique est là comme un outil pour réduire les inégalités sociales et territoriales d’accès à la culture. Il ne s’agit pas pour nous simplement d’un phénomène de mode, mais d’accompagner une transformation majeure », un « changement de civilisation » et où l’Etat se doit d’être « l’Architecte de cette Ecole Numérique » a déclaré le ministre.
Ce qui va changer à la rentrée dans la classe…
Le ministère et les services déconcentrés de l’Education Nationale, avec la contribution du CNED mettent en place pour la rentrée onze mesures, qui devraient permettre une pédagogie différenciée et collaborative grâce au numérique.
Tous les acteurs de l’école seront ainsi servis, élèves, du primaire au lycée, enseignants, parents d’élèves et l’ensemble de la communauté éducative.
En primaire l’apprentissage par le ludique à l’honneur :
Des films d’animations développé par le Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP), pour comprendre, les notions fondamentales liées à l’apprentissage du français, des mathématiques, des sciences, etc.
Pour les 8-11 ans, « English for schools », un service de ressources numériques pédagogiques, développée par le Centre National d’Enseignement à Distance, avec des vidéos, articles ou jeux, accessible en ligne pour un apprentissage facilité de l’anglais en classe et à la maison. Il sera disponible à partir d’octobre sur www.englishforschools.fr avec 250 documents dans un premier temps. Des ressources pédagogiques pour les professeurs y figureront aussi.
Au collège et lycée, D’COL, un service d’accompagnement interactif personnalisé pour 30 000 élèves de l’éducation prioritaire, sur proposition de leur établissement et avec l’accord des parents, moyennant également un tutorat.
« Prep’exam » , un accès en ligne au sujet du brevet et du bac des trois dernières années, qui intégrera progressivement les éléments de corrigés.
Plusieurs services d’orientation destinés à accompagner les élèves (« mon stage en ligne », « mon industrie », etc.)
Pour soutenir la lutte contre le décrochage scolaire, un service de géolocalisation des structures de formation destiné aux jeunes en situation de décrochage.
« Total Accès », une application et un site mobile qui fournissent un accès aux informations relatives à l’orientation et à l’insertion professionnelle adapté aux personnes en situation de handicap visuel.
20 sites pilotes, « des collèges connectés », qui feront par ailleurs l’objet d’une labellisation, développeront des usages pédagogiques du numériques, grâce à un partenariat avec le rectorat et le conseil général, un engagement de raccordement au très haut débit et à un équipement de toutes les classes en tableaux numériques interactifs, tablettes numérique pour les élèves, etc.
Cela se traduira notamment par une utilisation quotidienne du numérique, en moyenne une à deux heures par jour, une communication régulière avec les familles, un plan de formation des enseignants, et un projet pédagogique numérique de l’établissement, sans oublier le suivi et l’évaluation tout au long de l’année.
Les parents d’élèves, auront accès à « Lire, une année d’apprentissage de la lecture« , un web-documentaire pour aider enseignants et parents à accompagner les enfants de cours préparatoire dans cette étape importante de leur scolarité et « S’inscrire au lycée », un service permettant d’effectuer l’inscription au lycée directement sur internet.
Ce qui va changer pour les enseignants….
C’est une question cruciale…. On le sait, trop d’expérimentations ont été stoppées ou n’ont pas été généralisées, faute d’accompagnement pédagogique des enseignants.
Dans sa stratégie, le ministère veut mettre en place des formations « au » et « par » le numérique et une filière « métier » dédiée au numérique éducatif.
Les professeurs du 1er degré pourront suivre des modules de formation continue sur une plateforme baptisée, »M@gistère« , accompagnée par un formateur présent ou à distance qui devrait compléter l’offre de formation existante.
Côté ressources, les enseignants pourront trouver sur le site « EduThèque », un service destiné aux enseignants du 1er et du 2nd degré leur permettant d’accéder gratuitement à des ressources numériques libres de droit des grands établissements publics scientifiques et culturels dont ils pourront faire un usage pédagogique
Ce qui va changer pour les collectivités…
Outre les mesures très concrètes et organisation en cours pour pallier aux usages en classe et à la formation des enseignants, restait à savoir si les collectivités disposeront réellement à présent de l’aide et du soutien de l’état, comme « Architecte de l’Ecole Numérique », comme se plait à préciser Vincent Peillon.
Côté équipement, dont les collectivités ont la charge, le ministre a reconnu que « la France est confrontée à de grandes inégalités, entre les niveaux d’enseignements mais aussi entre les territoires ». En effet, on dénombre seulement dans les écoles élémentaires, un ordinateur pour dix élèves, un pour cinq au collège, et un pour 2.7 au lycée.
Ce retard devrait être comblé par le lancement d’une « boutique école numérique », qui sera disponible à la mi-juin, « afin de permettre aux communes de faire des achats groupés, aux bons standards et au juste prix ».
La « boutique école numérique » sera proposée par l’Union des groupements d’achat public (UGAP) et présentera une extension de l’offre de tablettes tactiles pour une utilisation en classe, un renouvellement de l’offre de tableaux blancs interactifs et de vidéoprojecteurs et une offre de « prestation groupée » qui devra permettre, dans la plupart des cas, de « proposer une prestation de livraison et d’installation groupée assurée par le titulaire des marchés de matériels, plutôt que de recourir à un prestataire tiers de maintenance ».
Quant au besoin de gouvernance des collectivités, le ministère orchestrera « la mise en place d’une gouvernance académique dédiée au numérique, fédérant tous les acteurs territoriaux autour du recteur et pilotée par un délégué académique au numérique éducatif ».
D’autre part, il y aura une plus grande coopération entre le rectorat et les collectivités locales, notamment pour la constitution de dossiers éligibles au Fonds européen de développement économique régional (2014-2020)
Les moyens engagés par le ministère
La stratégie numérique mise en place par le ministère se fera grâce à des développements internes. Le plan numérique s’appuiera essentiellement sur l’appel à projet « investissements d’avenir », doté de 10 millions d’euros, dans le cadre du programme de développement de l’économie numérique, du commissariat général à l’investissement. Cette enveloppe sera consacrée à l’accompagnement des projets de développement de services et de contenus numériques innovants pour l’apprentissage des fondamentaux à l’école.